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Danse/Performance

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Du grand Gravel: Some Hope for the Bastards

nelson mederik

1.Some Hope for the Bastards - crédit Stéphane Najman - avec David Albert-Toth_preview.jpeg

Frédérick Gravel, chorégraphe, interprète, éclairagiste et musicien, est clairement votre prochain coup de coeur artistique si vous n'êtes pas familier avec ses créations... Courez !!!

Some Hope for the Bastards était présenté les 29 et 30 novembre 2017 à l'Usine C, après avoir bouleversé le Festival TransAmérique FTA cet été. 

Alternent pendant 90 minutes duos et mouvements de groupes (rappelant les fameux sets carrés de notre jeunesse), le band live renverse par sa pertinence et son exécution, présence tout à fait égalitaire aux danseurs, son dialogue avec le public (plus court que ce à quoi il nous a déjà habitué): c'est définitivement mon must de l'année

Les 9 danseurs pulsent à un rythme bien sombre, que nous connaissons tous. Un party qui fait ressortir en sous-couches ces malaises perpétuels avec lesquels nous traversons nos soirées. Danseurs qu'il faut impérativement nommer : DAVID ALBERT-TOTH, DANY DESJARDINS, KIMBERLEY DE JONG, FRANCIS DUCHARME, LOUISE MICHEL JACKSON, ALANNA KRAAIJEVELD, ALEXIA MARTEL, FRÉDÉRIC TAVERNINI, JAMIE WRIGHT. 

4.Some Hope for the Bastards - crédit Stéphane Najman - avec J.Wright L.Vigneault F.Ducharme F.Tavernini K.de Jong D.Albert-Toth_preview.jpeg

A-t-on jamais vu tant de sensualité, tant de sauvagerie sur un plateau ? Depuis combien de temps attendions-nous ce moment de danse pure et crue ?

(Léa Coff, I/O Gazette)

 

L'espoir arrive bel et bien en fin du marathon qu'est cette création, mais arrive-t-il vraiment ? Ou aime-t-on l'idée qu'il reste un certain espoir... pour nous, the bastards ? Parce que ça nous concerne tous, parce que ce rythme des corps qui s'entrechoquent, cette pulsion de garder l'autre, de s'offrir à l'autre... de tenter bien maladroitement de rester en contact... bref... d'être bastard... Ça, on connait ! 

Ce show m'a fait crier par dedans... Ciel qu'on produit de grandes choses à Montréal ! C'est différent, nouveau, bouleversant, dérangeant, électrique, fort, beau mais laid, intense... Je suis charmée ! 

Un party comme une amnésie programmée, une attente de on ne sait quoi, un moment où tous, nous allons nous faire égratigner par les tentatives tellement connues. 

 

« Constamment  sur  le  qui-vive,  les  danseurs  s’ouvrent  aux  surprises  comme aux accidents. Viscéralement engagés. Émerge une foudroyante poésie qui déjoue la morosité ambiante. Tout va mal, il reste l’art. »  Québec Danse, 2017

 

Et la musique !!! 

En plus de jouer live, avec un band, Gravel a travaillé sur les mélodies classiques, comme du Bach, mais y a ajouté les beats actuels, alternant ces sons, les ralentissant et les distordant... Et c'est grandiose !!! On arrive très bien à s'imaginer les danseurs et le band en improvisation, des longues journées à s'inspirer mutuellement, et nous pouvons en apercevoir le contour dans les propositions de chorégraphies. 

 

3. Some Hope for the Bastards - photo de Stéphane Najman-photoman_avec A. Kraaijeveld, F. Tavernini, J. Wright, D.Albert-Toth, L. M. Jackson, A. Martel, J. Major, P. Brault, F. Gravel_preview.jpeg

 

Qu'est-ce qu'on attend ? 

Justement, m'est avis qu'on attend beaucoup de gens qui ne livreront pas. On attend que ceux qui ont créé cet ordre du monde soient ceux qui nous en sortent. On attend de cesser de croire à cette façon de voir, de cesser de croire les slogans creux, de cesser de croire que tout ça a un sens. Alors qu'il serait temps de croire à quelque chose d'autre. Puisqu'il nous est impossible de ne pas avoir la foi, il est temps de la changer. Il est temps d'avoir foi en une nouvelle conscience collective. Il est temps de croire que nous pouvons être à la hauteur. On attend que les choses aillent encore plus mal, trop mal, on attend le point de rupture. Alors que nous avons déjà assez attendu, que nous avons déjà bien assez perdu de temps et de sens. Nous avons déjà perdu la faculté de parler autrement qu'en termes de produits, de rendement, de performance. La santé, l'art, l'enfance, tout se discute comme sur les rapports de pointage des indices fluctuants de Wall Street. On attend le sauveur, on attend la solution. Ça ne viendra pas. Pas de sauveur, pas de solution. Il y a nous. Il y a des possibles. Si quelqu'un vous promet le salut, ne le croyez pas. Tout sera toujours à faire, à refaire, à  recommencer. Il faut s'y attendre. Il est peut-être mieux d'attendre de bien avoir compris ça... Frédérick Gravel

Audrey Desrosiers 

 

L'impossible "Je"

nelson mederik

Ceci est l'article que je n'écrirai pas. 

Parce que c'est plus grand que moi, parce que la réception que j'en ai eu est biaisée, parce que je suis moi, parce que ça m'a touché, m'a ému, m'a secoué...et que les mots nécessaires pour dresser un portrait exacte de cet état émotionnel dans lequel Silvia Calderoni m'a transporté...je ne les connais pas. 

 

Thématiques

Les perceptions normatives, les constructions de genre, ne pas accepter le rôle imposé par l’extérieur, la liberté, les structures patriarcales et religieuses...mais tellement plus que ça..Elle nous offre son intérieur/extérieur avec une telle honnêteté, vulnérabilité, candeur...rage !!! 

 

"Pour moi, je trouve que la performance est la meilleures façon

de communiquer avec les autres". 

 

"Je ne veux pas être la voix de la communauté LGBTI.

Je peux seulement parler de moi".

Silvia Calderoni

                                                                      &nbs…

                                                                                                                              Photo Tonis Lewis

 Matériel 

La scénographie ultra testée, éprouvée, réglée au quart de tour, réfléchie, nous accueille avec cette longue table-atelier sur laquelle sont posé, en attente d'utilisation, accessoires, barbes, caméra-témoin, perruques, vêtements, valise, laser, spray net, soutien-gorge, lampe disco, micro et naturellement, le kit de DJ, car c'et bien un set de DJ la prémice de la performance!

 

Elle nous balance ceci à la gueule, en ouverture, où elle attrape cette caméra-témoin avec qui elle danse pour nous, comme on le ferait dans notre chambre. Plus loin, elle vit ces moments en famille, par ces extraits de films maison, où l 'on constate que ce corps androgyne qui performe devant nous, existait depuis le tout début. Début des questionnements, des remises en questions, des grandes questions, des comparaisons...

Ce moment d'adolescence, période intense mais qui peut sembler détachée, où elle dit à sa mère qui la filme : Quand je mourrai, faites jouer The Smiths. C'est tout ce que je veux.

 

                                                                      &nbs…

                                                                                                                          Source la Mama blog

Narration, voyage vers un intérieur double, ni un ni l'autre.

Plus tard, elle mit en images percutantes ce déchirement du genre, le laser tranchant son vagin. Elle, alternant entre les deux cotés délimités dans cet espace luminescent. Caledroni ouvre ce monologue, par étapes de vie, avec sa voix affirmée, ni homme, ni femme et pourtant les deux. 

Entrecoupés de performances, de chansons, de changements de costumes, de lectures de maifestos totaux et entiers, elle arrive à nous transmettre par ces courts récits, ces brisures, ces moments où devenue rat de laboratoire (le monde médical d'il y a 30 ans !) tentant de la guérir (!!!). Elle se transforme par ce corps nu et nous confond par ses poses...homme ou femme...Mais qui en a quelque chose à foutre ?!! Le récit est vital, senti, incarné, essentiel, salutaire...


Je ne trouve pas les mots justes et suffisants pour décrire ce qu'elle a déposé en moi hier soir...

 

Née féminin, vécu une période masculin (parce que ce sont les deux genres mis en dualité dans le spectacle), revenant à la maison dans une famille réservée, conservatrice, avec ce frère heureux de cette métamorphose, avec son père qui se contenta de demander: "Ca n'aurait pas été plus simple de rester comme avant ?" et de répondre... "J'ai toujours été comme ça".

Puis s'en suis ce moment familial de retrouvailles, où elle, jeune ado, danse avec ce père aimant, tentant de comprendre, de se mettre à niveau, de briser ses propres barrières et tant d'amour transparait. Moment culminant qui a fait bondir la salle, émue, quelques-uns en larmes, demandant à Calderoni de venir recevoir cette grande vague...

Et cette chanson, pendant les longues minutes de standing ovation...

Motus fut fondée en 1991 en Italie par deux étudiants de sociologie. Ils désirent aborder toutes les contradictions du monde contemporain et depuis, ils accumulent les reconnaissances nationales et internationales. Ils ont été invité par l'Usine C en 2005, 2006, 2009 et étaient de la programmation FTA en 2012 et 2013. 

Silvia Calderoni, actrice, danseuse et artiste Italienne, elle travaille avec Motus depuis 2005. Elle dit préférer la danse au théâtre, n'aimant pas s'adresser au public. Je suis reconnaissante qu'elle l'ait fait hier soir. Pour l'impression de déjà vu, elle était de la distribution du film La légende de Kaspar Hauser en 2013. Tempête puissante, elle ne laissera personne intact. 

Librement inspirée de la nouvelle Middle Sex,  ils ont réussit à brouiller les limites entre le réel et la fiction tout comme cette grande artiste désir brouiller ces mêmes frontières des genres. 

L'impossible nous, l'impossible je. 

                                  Source Carriageworks

                                  Source Carriageworks

Ce spectacle ne vivra que 7 représentaitons mondialement et il est de loin le plus rafiné, rodé et aboutit que j'ai pu voir dans les dernières années ! Il vous reste une chance de l'attraper ce soir ! 

J'ai reçu ses questionnements et grandes étapes de transformation de façon si évidente et naturelle, je n'arrive toujours pas à saisir qu'il n'en fut pas ainsi depuis toujours et que ce ne soit pas encore le cas aujourd'hui en 2017. 

Ceci est l'article que je n'écrirai pas, les mots amplis, totaux, globaux, neutres et signifiants requis je ne les connais pas. 

Audrey Desrosiers

Clara Furey et United Tales

nelson mederik

United Tales (the vanished power of the usual reign)...

Pour vous mettre en appétit, voici la bande-annonce : 

Finalement ! 

Le 10 février dernier, soir de première, je découvrais la plus récente mouture d'United tales de Clara Furey et Peter Jasko. J'adore les soirs de première quand les artistes, après ce grand saut viennent aterrir avec le public. Du gros bonheur ! 

 

Proposition onirique, fantasmagorique (à certain moments cauchemardesque) et tellement cinématographique prit naissance suite à la lecture du conte revisité d'Hansel et Gretel par Louise Murphy. "The true story of Hansel et Gretel" je pose le lien ici. 

 

Clara et Peter 

Les repères Clara Furey sont toujours présents, mais ici viennent s'arrimer d'une façon vraiment étonnante aux gestes de Peter Jasko, nous transportent et font chanceler, tout comme nos deux personnages (non genré malgré ce que propose à la base ce conte). 

Premier tableau

Cette surface blanche immaculée, aveuglante surportant leurs improvisations corporelles, mouvements qui nous donnent le vertige, qui donne lieu à une sorte d'apesanteur (brio d'exécution de ce duo). Suspensions, rotations, lévitation, torsions,  tentatives d'atteindre l'autre, de venir au monde,  impossibilité émotive de le faire...cette matrice blanche dépose bien les piliers irréels sur lesquels ils nous offrent de démarrer ce grand voyage. 

Ce lien invisible qui les lie, les rendant tantôt plus faible plus loin co-dépendant est brutalement exploité, utilisé et maîtrisé...the United tales, right ? 

 

Le troisième personnage si impérativement nécessaire ! 

La musicalité des corps, cette alliance de travaux des deux chorégraphes/danseurs est supporté ici par la création sonore de Thomas Furey en décuple l'univers ! Elle devient à la fois personnage et narrateur. Envahissante, métallique, terrifiante ou douce accompagnante, c'est une énorme réussite. Sans surprise j'apprendrai plus tard que dès le début du processus Thomas était présent avec les danseurs, au fil des essaies-erreurs, tentatives et dans tout le processus créatif et ça se ressent ! Voici un extrait de son soundcloud :  

J'ai beaucoup aimé l'absence de décor, ne serait-ce que l'utilisation des craies au sol et sur les murs. Très efficace, épuré, nous avons toute la liberté de dealer avec nos propres intériorité, j'ai  adoré ! 

Tout comme dans la tradition des contes, les ombres, les lieux imprécis y étaient présents. La scénographie et les éclairages étaient eux aussi, une grande grande réussite et offrait une puissante force au récit que les corps racontaient. 

 

Bouleversée

J'ai été personnellement bouleversée par l'inversion des pouvoirs qu'ils donnent à voir, les limites personnelles qui deviennent essentielles à la survie, les limites territoriales questionnées et la non-nécessité de clarifier les liens qui les unissent...qui nous unissent...j'ai vraiment réellement été chavirée !

Ce spectacle a d'abord été présenté au théâtre La Chapelle en 2015, je vous mets la bande-annonce ici car quelque peu différente de la première :  

La création originale eut lieu à Viennes dans le cadre de l'International Dance Festival. Ils ont ensuite fait une tournée en France, en République Tchèque, en Slovaqui, et à Pragues. Ils se sont ensuite produit dans le cadre du Festival FTA, dans le Off Fta en 2016 (je n'avais plus que les yeux pour pleurer car ayant manqué celui de 2015...je manquais alors celui de 2016!). 

C'est vibrant, c'est percutant, c'est personnel, c'est intemporel...Si vous avez la chance d'attraper ce spectacle, c'est un incontournable ! 

 

Encore ! 

Parce qu'on en a jamais assez de Clara, (pis parce que je ne peux m'empêcher de le revoir encore et encore) voici une collaboration, sur la chanson crave de Dear Criminals. Un short film par Pierre-Alexandre Girard, elle y est avec Francis Ducharme, dans une choréographie et concept par Catherine Gaudet and Jérémie Niel..Enjoy !   

Audrey Desrosiers