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Danse/Performance

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Numain, l'exploration Crête

nelson mederik

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Exploration Crête ; Numain

Solo pour humain et poupée de silicone, Stéphane Crête poursuit ses explorations sur l’impudeur et les limites de la représentation avec une proposition dans laquelle il s’offre à nous vulnérable, se buttant à ses propres limites d’homme et où le spectateur est confronté aux parts du vide que nous portons tous. La solitude en tentative de partage… si elle est offerte à un être qui ne saurait nous décevoir, peut-être est-ce enfin LA solution pour s’en extirper. Ou pas.

Les premières manipulations donnent le ton. Ritualiste, avec grand respect… il pose d’abord la main sur son ventre. L’enfonce. Puis les seins. Puis la peau.

Évident de concevoir l’absence d’humanité émanant de cette poupée, on se surprend à alterner notre attention entre Stéphane et elle. Les marques d’humanitude, ces tentatives touchantes ici et là dans la performance rendent réellement attachante cette démarche-tentative-besoin de connexion. Comme de petits gestes non contrôlés, par erreur… connaissant le processus créatif exploratoire-filmé lors de la création, il aurait été, je crois, fort intéressant d’avoir accès à ces séquences.

Le format de la fameuse poupée est pour le moins perturbant. Elle est menue, fine, jeune, adolescente, avec les proportions requises pour correspondre aux codes actuels. Sans doute voulu… est-ce que le propos aurait été différent ou altéré avec des formes et un âge différent ? Est-ce une des raisons pour lesquelles le volet sexuel évident ne fut qu’effleuré ? Le matériaux corporel de Stéphane est efficace, âgé, habité, assumé et rend bien le procédé. Moment très touchant de séduction (merci sans cabotinage) de danse lascive et de transe. L’environnement sonore d’Éric Forget est à souligner.

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La transgression comme voie d’accès au sacré

Produit de consommation actuel, la transgression des codes, des fantasmes et des projections sociales sont effleurées avec beaucoup de tendresse et d‘honnêteté. Aurons-nous accès à cet intérieur sacré si nous parvenons à abattre tous ces interdits construits ? Est-ce que le plaisir anticipé de ces transgressions sera au rendez-vous ? Rien n’est moins certain.

L’envie de violence m’a habitée bien avant que Crête l’aborde en scène (troublant constat)… Est-ce que tous et chacun dans la salle, hier, furent également pris de cette étrange impulsion ? Est-ce que le rythme exploratoire qui s’imposait de soi m’était inconfortable… au point de vouloir le bousculer ?

La catharsis vocale fut brève (et retenue) mais que dire de ces moments peau sur peau (agencés à la nuance près) bouleversants, parlant de lenteur et silence, et très… humain.

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Danse entre le profane et le sacré.

Habilement joués, les moments de repli, de rétro-action, de retour de la conscience et du regard-jugement extérieur nous offraient un acteur tout en nuances. Tous ces états du Monde où chacun de nous pouvions entrer.

L’alternance du désir porté vers elle puis désiré sur lui au cœur de cette danse. Devenir l’objet de ce désir, porter ce désir vers soi. Gestes appris, tentatives de reproduire ces gestes vides mais solidement ancrés. Très touchant de vérité ici encore. L’exercice va bien au-delà de ce que les préjugés pourraient présupposer, non pas sexdoll mais bien de réelles connexions humaines sont ici offertes et recherchées.

Une envie m’habite encore post-représentation, d’avoir accès à ces recherches, les moments d’exploration, ces séquences filmées où il définissait les gestes, habitait cet espace à partager avec cet être. Moment de grande grâce où il donne corps vaporeux drapé à la tête encore non installée sur ce corps de silicone. La conscience encore hors corps, elle nous apparaît en fait encore plus incarnée. Emphase de ce corps finalement accessoire interchangeable sans la conscience à viser dessus. Les gestes sont tendres, intimes-vrais, peut-être LE moment de rencontre intime réel entre les deux… sans corporalité, mais avec essence.

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Crête, ritualiste

Imposition des mains, linceul, balancement d’énergie, procession funèbre… remerciements de cette vulnérabilité offerte et partagée, malgré la fin de non recevoir prévisible. Nous avons ritualisé hier, en ce que le théâtre-performance propose, en étant témoins de ces processus de déconstruction-connexion, en acceptant ce voyage ailleurs, en nous par sont intériorité à lui. Être témoin de ce processus nous renvoie immanquablement à nos limites à transgresser, à notre propre solitude et nous mets face à nos pauvres moyens d’y parvenir et bien souvent, nos vains échecs. Ou pas.


Moment définitivement à partager avec lui, avec vous.

À LaChapelle jusqu’au 12 octobre 2019.



Would et tous les possibles

nelson mederik

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Would, de Mélanie Demers

Il est encore temps de courir voir cette oeuvre, présentée à La Chapelle les 12, 14 et 15 décembre prochains. Les interprètes, Kate Holden et Marc Boivinvous bouleverseront complètement, vous serez soufflés !  

Pour vous mettre en appétit... la bande-annonce: 

Ce show est une bête hybride remplie de raffinement, de moments de suspension, comme des évanouissement par en dedans. L'environnement sonore est complètement ahurissant, l'alliage entre la performance, le théâtre, la danse et la grammaire physique élaborée par les danseurs... est absolument troublante !

Kate Holden, que je n'avais pas eu la chance de connaître, est totalement hypnotisante, bouleversante de délicatesse, de force brute mais tranquille, lumineuse, et possède une gestuelle groundée et affirmée que je n'ai vue chez personne d'autre. Les allers-retours d'énergie sur scène, les débats et les chassés-croisés qu'elle et Marc Boivin exécutent sont tout en nuances et en questionnements. 

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Boivin, quant à lui puissant, troublé, en voix et en énergies existentielles parfois très habilement mal contenues, parfois très exprimées, il nous porte dans ses possibles. Trop de possibles ? Où toutes ces possibilités cessent-elles d'être des promesses d'un meilleur et deviennent une dystopie en psychose ? 

C'est par l'acte collectif de la plateforme Mayday qu'a mûri cette oeuvre et permis aux danseurs et à Mélanie Demers de nous offrir ces très affinées réflexions. 

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Ne ratez pas les quelques dates de décembre, c'est réellement une oeuvre à voir ! Would remporte depuis 2014 de nombreux prix... Peut-être votre dernière chance de la voir ! 

Audrey Desrosiers